Bolivia: el alza de precios vuelca a los bolivianos a la calle

Publié le par Sol

Paru dans LIBERATION
Dépêches 18/02/2011 à 22h16
Bolivie: les hausses de prix renvoient les Boliviens dans la rue

 

LA PAZ (AFP) - Des villes et des secteurs entiers de l'économie bolivienne ont été paralysés vendredi par une grève générale et des manifestations, deuxième mobilisation nationale en moins de deux mois contre les hausses de prix dans l'un des plus pauvres pays d'Amérique du Sud.

Ecoles publiques fermées, hôpitaux réduits aux urgences, transports publics raréfiés ou inexistants: les villes étaient soient à l'arrêt comme Cochabamba (centre), avec des axes coupés par des barricades, soient perturbées comme la capitale La Paz.

Des manifestations se sont déroulées à La Paz, Santa Cruz, Oruro, Potosi, Sucre, à l'appel de la plus puissante centrale du pays andin, la COB.

Elle réclame au gouvernement socialiste d'Evo Morales des hausses de salaire, pour amortir la flambée des prix (jusqu'à 30-40%) de denrées alimentaires ou de services comme les transports.

"Il a dit qu'il gouvernerait avec le peuple, en lui obéissant. Qu'il le mette en pratique !" a lancé le secrétaire général de la COB Pedro Montes, signe d'un raz-le-bol de secteurs traditionnels alliés du président, dans le monde syndical.

"Evo, connard, le peuple est en pétard !", lançaient les mineurs dans la marche principale, qui a vu plusieurs milliers de personnes braver le froid et la pluie, pour "descendre" de l'immense cité-dortoir d'El Alto vers le centre de La Paz, à 12 km et 200 m en contrebas, soit 3.700 m d'altitude.

M. Morales, l'un des gouvernants du bloc "antilibéral" d'Amérique latine, fait face à son épreuve socio-économique la plus durable depuis son arrivée au pouvoir en 2006.

Les hausses de prix, disparates, affectant par exemple le sucre (30%) mais pas le lait, pèsent lourdement sur la population d'un pays où six personnes sur dix vivent dans la pauvreté, et trois sur dix n'ont pas assez à manger, selon des chiffres 2010 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

"Tout a augmenté, surtout le sucre. On n'en peut plus de ce gouvernement affameur !" lançait Dolorés, une infirmière, dans le cortège d'El Alto.

M. Morales, invoquant la maîtrise budgétaire, a qualifié d'"irrationnelles, insensées" des demandes de hausses "de 40, 60 ou 70%". Il a assuré que les hausses 2011 ne seront pas inférieures à l'inflation 2010 (7,18%).

La COB veut négocier sur la base d'une étude qui a évalué le budget mensuel d'un ménage de cinq personnes à 8.309 bolivianos (1.183 dollars). Soit 12 fois le salaire minimum.

Douchée par la météo, la marche de La Paz s'est dispersée dans l'après-midi sans incidents, comme à Cochabamba ou Santa Cruz.

La dernière mobilisation contre les prix en Bolivie, le 30 décembre, avait dérapé en violences, faisant 15 blessés.

Surtout, elle avait forcé l'Etat à une marche arrière spectaculaire et à rétablir des subventions aux carburants, dont la suppression cinq jours plus tôt avait fait bondir de 73 à 83% le coût de l'essence.

L'impact de cette hausse, éphémère mais aussitôt répercutée sur divers produits et services, continue de se faire sentir.

Elle se couple à la spéculation, à la sécheresse l'an dernier dans le sud qui a affecté la production agricole et aux tensions inflationnistes mondiales.

Mardi, la Banque mondiale a averti du "niveau dangereux" des prix alimentaires mondiaux, qui ont poussé 44 millions de personnes dans l'extrême pauvreté en 2010. L'agence de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) a récemment mis en garde contre des risques d'émeutes.

"Le coupable, c'est l'Empire" capitaliste, a lancé M. Montes vendredi. "Ils veulent que nous nous affrontions entre pauvres. Nous ne le ferons pas".

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Publié dans Política

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